Karina, déesse de l'Amour, un roman de Paul Laurendeau

« Écoute-moi bien, forgeron. Je ne tolérerai jamais que Karina s’intéresse à un autre que moi. Je pensais qu’en se lassant un petit peu de toi, au fil de ce dernier petit bout d’éternité, éventuellement, elle me reviendrait. Non que non, nom de nom, il faut qu’elle aille se rouler dans la peinture avec ce mortel bizarre. C’est insupportable. »

Karina est la déesse domaniale de l'Amour. Elle opère au sein d’un panthéon strictement polythéiste, archaïque et exempt de la moindre hiérarchie autoritaire entre les dieux et les déesses. Karina est une déesse de forme humaine, très belle, radieuse et qui a énormément de prétendants et de soupirants. Au cours de son existence infinie, elle s'est amusée avec beaucoup d'hommes et même de femmes, des personnages charmants, touchants… comme elle le dit, si souvent. Mais Karina a toujours ressenti un certain vague à l’âme. Fouineuse et industrieuse, elle comprend confusément qu’il lui manque quelque chose, dans son existence…

Pour ce faire, Karina, déesse de l'Amour, rencontre, en audience spéciale, Ursanna, déesse de la Sagesse et du Savoir. C'est de cette rencontre sublime entre ces deux déesses cruciales qu’il est scrupuleusement rendu compte ici.


Première diffusion le 14 novembre 2024.
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ISBN : 978-2-924550-97-7


Extrait 1 : Il est bien évident que je le séduis...

Il est bien évident que je le séduis, immensément. Et ça, bien sûr, ça me flatte, tout aussi immensément. Mais ça m'amène aussi à me dire que, d'une certaine façon, c'est presque un peu trop facile, avec la ceinture magique. Nous quittons la route et marchons maintenant, à travers les champs. Je suis fortement éblouie par la couleur vive de cette immense verdure. Nous nous mettons à faire avancer ses chèvres en direction d'un espace clôturé dans lequel il prévoit les laisser paitre, pour la journée. Il les pousse doucement devant lui, à l'aide d'une longue canne au bout recourbé. À un certain moment, il me prête la canne et c'est moi qui m'amuse à légèrement pousser les chèvres devant moi. Quand il me met la canne dans les mains, il s'approche un peu plus de moi et je flaire son odeur. Il sent très bon, il sent la nature. Et il a les yeux verts, comme moi, et les cheveux blonds, bouclés. C'est un homme parfaitement charmant, ce Célio le chevrier. Un homme, un être humain avec toutes les caractéristiques qu'on peut lui imaginer. Après avoir bien enfermé les chèvres dans le clos, il me ramène sur la route et nous retournons en direction du village. Je lui souris tendrement et, à un certain moment, il me prend la main. Je me laisse faire. Je me dis qu’après tout, j'ai des fonctions divines précises et que je dois absolument explorer toute cette problématique de l'amour. C'est si merveilleux d'aimer.



Extrait 2 : Une pierre, quand on la frappe...

— Une pierre, quand on la frappe avec un autre objet dur, chauffe très rapidement et ça peut produire des étincelles. Les humains ont ainsi, par étapes et, encore une fois, de génération en génération, découvert qu’ils pouvaient non plus devoir risquer de s’esquinter en allant chercher le feu sur les volcans ou au milieu des incendies, mais le produire eux-mêmes en entrechoquant des pierres au-dessus de petites brindilles de gazon sec. La domestication du feu venait d’apparaître. Ce fut d’abord une révolution culinaire et calorifère, pour les êtres humains.

— C’est vrai que chiquer de la viande crue en claquant des dents sous la lune, ça devait pas être bien marrant.

— Ah, ils sont vachement débrouillards, ces mortels, tu sais. Améliorer leur condition, ils savent le faire. Et moi, immortel chançard, je continuais d’observer tout ça, du haut de ma montagne volcanique, tout en m’appropriant, à chaque fois, sur le mode de la synthèse, le résultat de leurs inventions et de leurs découvertes. Et les humains continuaient d’aller picorer des pierres. Et un jour, parmi les pierres, ils se sont mis à découvrir des sortes de lamelles d’une substance étrange, couleur rouille, et qui n’était pas vraiment pierreuse. Ils ne le savaient pas encore tout à fait, mais cette substance était en fait métallique.

— De l’airain ?

— Non, c’était du cuivre. Il était roux comme toi et immortel comme toi et moi. Les humains en vinrent à faire l’expérience de mettre le cuivre en contact avec le feu. En le plaçant au-dessus de la flamme, il ramollissait, devenait malléable, liquide même. Graduellement, les êtres humains découvraient la métallurgie.

— C’est saisissant. C’est très émouvant.

— Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que toi, comme déesse de l’Amour, tu es seule à assumer tes fonctions.

— Ah non. Mais non. J’ai mon petit enfant Fabiole, qui m’aide aussi.

— Le bambin ailé qui tire des fléchettes d’amour ?

— Oui.

— C’est ton fils ?

— Oui.

— Ah bon ! Son papa, c’est qui ?

— C’est Léonidas, dieu de la Guerre…

— Oh… Le dieu de la Guerre a fait un enfant avec la déesse de l’Amour… c’est très intéressant, ça…

— Oui… mais euh, c’est une longue histoire… revenons plutôt à ce que tu disais. Je t’ai répondu que nous sommes deux pour diffuser l’amour, Fabiole et moi.

— Oui, mais enfin vous n’êtes que deux. Vous êtes un tout petit groupe. Les humains, eux, sont un immense collectif, une masse fourmillante, active, organisée et industrieuse, répartie sur toute la planète. Et les uns découvrent de quoi dans un coin, les autres découvrent autre chose dans l’autre coin. Et, par le commerce, ils échangent leurs savoirs. La puissance d’organisation des connaissances des humains est fantastique. Et nous, leurs dieux-miroirs, nous n’avons jamais qu’à ramasser le résultat et à en bénéficier.


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