Richard Monette
Qui suis-je ?
Je suis un petit garçon bien caché. Je ne suis pas vieillard, mais l’un des plus âgés au boulot. Je suis l’absent de
lui-même plus le sablier offre de l’air dans la bulle conique
du haut. Je suis fier d’avoir fait de la musique avec Daniel, Jean-Guy
et Benoit au presbytère de la rue Joffre. Ah ! Quelle
époque.
Au CEGEP de Maisonneuve en 1975, j’ai étudié la chanson avec Sylvain Lelièvre et la poésie avec le poète Yves Mongeau. La rencontre avec ce dernier a marqué ma vie longtemps. Je lui avais effrontément montré une dizaine de mes poèmes et avec audace je lui avais demandé « est-ce que je suis un poète ? » Il a mis longtemps à lire. Il a aussi mis longtemps après la lecture de mes textes avant de prendre une feuille puis lentement de se frotter la barbe. Il a tiré un trait et a inscrit les mots expérience à gauche du trait, vie au dessus, puis langage au dessous. Avec ce papier en poche et le court discours qui vint avec bien ancré entre les oreilles je suis parti penaud, déçu, mais déterminé. Il était clair que pour lui le talent ne suffisait pas. J’ai ainsi mis 35 ans à me forger une expérience de vie en vivant et une expérience du langage en écoutant, en lisant et en parlant. Maintenant qui suis-je ? Je suis un petit garçon qui a grandi, un adulte.
Qu'est-ce que je lis ?
Au quotidien je lis des fichiers, des fichiers Excel, des fichiers Word, des pdf et des présentations. Je lis des écrans, des écrans de contrôle de ventes, des écrans de mouvements de marchandises et de prises d’inventaire des stocks, des écrans d’analyse, etc. Toute la journée ou presque devant des ordinateurs ou en réunions, je lis des chiffres, des procédures, des suivis et des comptes rendus. Le soir venu l’évasion est dans des recueils de poésie et des romans, surtout ceux qui sont là, disponibles, à la traine un peu partout dans la maison, ceux des mes adolescentes, ceux de ma conjointe, mes cadeaux de Noël. Généralement il me faut plusieurs mois pour terminer un roman. Je suis un expert des lectures courtes, je suis un sprinter du cent mètres plus qu’un lecteur marathonien. J’ai lu Claude Gauvreau œuvre complète deux fois au moins, Gaston Miron l’homme rapaillé cent fois peut-être et il est toujours sur ma table de chevet. Yves Mongeau, Paul-Marie Lapointe et Fernand Ouellet sont aussi des poètes Québécois encore au menu de mes relectures. Mon intérêt pour la poésie m’est d’abord venu avec Nelligan au secondaire puis Rimbaud au CEGEP que je feuillette aussi à l’occasion. Depuis la découverte d’ELP je m’exerce à la lecture numérique que j’apprécie beaucoup, courte, efficace et diversifiée. J’adore.
Qu'est-ce que j'écris ?
J'écris en VBA, c’est un langage de programmation adapté aux produits Microsoft. J’écris en anglais, c’est un langage outil de communication adapté pour le travail. J’écris en poésie, c’est un langage d’expression artistique. J'écris des peintures ne séchant pas. J’écris des photographies à sujets qui bougent pour l'oeil averti seulement. J’écris des sons qui explosent en silence, en science et en sens. Je pratique l’écriture automatique aux premiers jets que je tisse d’émotions surréalistes, du moins je m’y essaie. Poésie lyrique ? Aussi, mais oui. La priorité : ça doit être beau d’abord pour moi et me parler à l’oreille. Bien sûr, parfois je suis seul à me comprendre et parfois, même moi je n’y comprends rien. C’est, je crois, le petit garçon qui scribouille ces jours-là. Il a du talent, il me semble, ce petit, mais il ne s'exprime pas vraiment bien.