Exuo, un roman de Loana Hoarau

Tout était flou autour de moi. Les objets, les murs. Je me redressai encore, plus lentement, du moins le pensais-je, révélant d’un simple coup d’œil l’incompréhension. À peine à l’affût. Ajustant ma respiration. Ma respiration s’était accélérée malgré tout. Je fermais les yeux pour parfaire une tranquillité encore trop friable. Ma quiétude perforée. La tête trop lourde, le pouls qui battait à cent à l’heure, la langue trop sèche, scotchée au palais.

La réalité n’existait plus.

J’avais soif, et c’était peu de le dire.

Le rêve volatile encore trop présent à l’esprit. Avais-je vraiment dormi ? Le besoin de sommeil était trop imposant pour que je n’y fasse pas attention.

La tête me tournait encore lorsque je vis la porte s’ouvrir, en face de moi. Ils arrivèrent, se penchèrent puis me soulevèrent du sol, l’un me prenant par les jambes, l’autre sous les aisselles. J’entendis la voix de Silbi, grave et apaisante, lointaine, en écho, alors je cherchais à analyser ses paroles.

« Effets secondaires. C’est normal. Alcool. Chaleur. Manque de sommeil. Il fait chaud ici. »

Je ne compris pas tout, comment l’aurais-je pu ? Je me sentais mourir, je mourrais peut-être et je me poussais à bout, mais trop épuisé je ne cherchais pas à comprendre l’aiguille qui s’enfonçait dans le creux de mon bras, laissais tomber ma tête sur l’oreiller moelleux de mon lit avec la curieuse impression qu’ils retiraient mes vêtements.

Puis plus rien. Le manque de sommeil était le plus fort.


Première diffusion : 8 septembre 2018 ; Poids : lourd  Collection : Romans
Prix sur 7switch : 4,99 € - 6,49 $ca 
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ISBN : 978-2-924550-41-0


Extrait commenté :

Ça doit être horrible, cette sensation. Celle de mourir, je veux dire. Et pas n’importe comment. Ficelé bien solidement à une chaise. Et pas n’importe quelle chaise. Celle infecte, avec encore ces morceaux de chair sur sa carcasse. Et pas dans n’importe quelle pièce non plus. Celle un peu exiguë, avec des rideaux opaques et lourds, qui s’ouvrent, lentement, comme lorsque débute une pièce de théâtre.

Bon, ça suffit ! Conformément à la loi française sur la protection des cerveaux humains adultes, qui interdit d’en faire des grillades, aucun extrait explicite ne sera diffusé.

Sache seulement que, fidèle à sa sombre habitude, Loana Hoarau s’affirme, encore et toujours plus prodondément, comme la maîtresse de ton horreur intime. L’espèce de nuage sans forme dont tu sais pourtant qu’il sourit, juste derrière ton épaule :

« Tu n’aimerais pas que cela t’arrive, hein ? Cependant, ne veux-tu pas savoir ce qui serait encore pire ? »



Pour en savoir plus sur ce roman et sur l'univers de Loana Hoarau, lisez la critique que Daniel Ducharme a publié sur son site Web.


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