Dévore, un roman de Loana Hoarau

« Donc. Regarde-moi ce couteau. Pas mal, hein ? Ça mon gars, ça te découpe une carcasse de biche en deux-deux. Crois-moi, j'ai essayé hein ! Et c'est exactement ce qu'il faudra pour te charcuter un peu. Quoi ? Tu chiales encore ? Mais qu'est-ce qu'il va pas, chez toi ? On discute, là, c'est tout ! Si au moindre détail t'en fait tout un fromage, tu vas pas t'en sortir, hein. Va falloir t'endurcir un peu, tu sais ? Bon. Où j'en étais ? Tu vois, tu me fais perdre le fil de ma discussion ! Merde. Bon. Heu. Ah oui. Le couteau qui coupe. Bref, je vais pas te montrer le reste des instruments, alors. Pas de suite, en tout cas. Tu risquerais de faire une syncope. Attends, je vais essuyer ces grosses larmes. Tu respires encore ? Non, je veux dire, quand on chiale, on a le nez bouché. Et vu que t'as un slibard dans la bouche, je me demande comment t'arrives à respirer. Allez. Détends-toi. C'est qu'un mauvais moment à passer. Dans une semaine, t'y penseras plus. Enfin, je dis ça, mais y'a des gens qui se suicident après ce genre de tests. Alors qu'ils ont de bonnes notes, au final ! C'est con, hein ? Je veux dire, devoir se mettre autant de pression, de réussir et pour en finir au bout d'une corde, c'est très con, comme réaction. Mais je pense pas que tu sois comme ça. C'est pas ton style. Toi, t'es pas le genre à te foutre une balle dans le ciboulot. Toi tu luttes, hein ? Toi t'es un balèze, mon chat. Tu pleures, et pis après ça va mieux. »


Première diffusion : 15 novembre 2023 ; Poids : moyen  Collection : Romans
Prix sur 7switch : 3,49 € - 4,99 $ca 
Acheter sur : 7switch | iTunes | Amazon.fr | Amazon.ca | Kobo | etc.
ISBN : 978-2-924550-78-6


Trois citations

Ce qu'il y a de bien avec le darkweb, c'est qu'on peut faire tout ce qu'on veut, où on veut, quand on veut et avec qui on veut. C'est un peu une fête sans aucun interdit. Il suffit juste de ne pas se faire choper ou reconnaître. Pendant mes petits tournages, j'ai toujours pris l'habitude de mettre un masque, un truc bien gore et bien fun que j'ai créé, avec des os et de la peau que j'ai chipé au taf. Alors ouais on me reconnaît pas. C'est ça qui a plu aux gars du groupe.



Donc le groupe m'a lancé des défis, des tout petits pour commencer. Comme me filmer en train de boire du liquide vaisselle ou me raser les tifs. Des trucs tout cons. Une sorte de bizutage pour entrer dans leur club. Quand ils ont vu que je rechignais pas, ils ont monté le niveau. Ils m'ont demandé de me taillader le bras, de récupérer le sang et de le boire. Trop facile. Ils avaient déjà vu de quoi j'étais capable avec mon dégueulis, alors ils m'ont demandé de faire la même chose avec ma propre merde. J'ai fait pas mal de vues avec cette séance-là. Je faisais des bruits de mâche bien dégueulasses et je simulais un orgasme. Les records de vues ont explosé dans tous les sens, lors de cette séance.



Alors. Ma hache. Allez, j'y vais. Oh. Oups. C'est pas trop une coupe franche, ça. J'y retourne. Désolé. C'est que je suis pas habitué à cet engin, tu comprends ? C'est marrant mais j'y suis pas habitué. J'aurais dû m'entraîner sur des troncs d'arbres, hein. Mais bon, on y est, on y est. Autant aller jusqu'au bout. Aïe. C'est peut-être pas assez aiguisé. Attends. Ah si. C'est bien aiguisé. C'est moi qui m'y prends comme un manche, quoi. À noter. Va falloir que je m'entraîne pour les autres. Bon. Allez. Voilà. T'es toujours là ? Non ? Ah. Toujours là. C'est bien. Allez. Je vais essayer de bien viser. Et. Voilà. Ah. Je vois l'os, là. Encore deux coups et ça devrait être bon. Oups. Ça reste bien coincé à l’intérieur, hein, il faut à chaque fois que je me débatte pour retirer la hache. Allez. Encore un coup et ce sera parfait. Voilà. Ah. Attends, ça pend un peu. Je vais finir ça. Parfait. Oh le beau morceau de barbaque. Je couperais bien la deuxième jambe, mais ça m'a tué. Je serai jamais bûcheron, ça c'est sûr ! Trop de forces à avoir dans les bras. Tu sais, comme ces émissions débiles où ils font des concours de coupe. T'as déjà vu leurs bras ? Eux, il vaut mieux les avoir comme copains plutôt que comme ennemis, ça c'est sûr.


Revenir en haut de la page